Eloquent, attentif, précis, Théo Huguenin-Elie définit son parcours à travers des étapes fortes qui ont marqué sa jeunesse ; passionné par la politique, mais aussi par la littérature et l’histoire de l’art, il construit son propos et son chemin, étroitement liés à l’histoire de sa région de cœur. Rencontre avec ce Chaux-de-Fonnier engagé, représentant de la Région Montagnes Neuchâteloises au sein du Conseil d’administration d’objectif:ne depuis 2013.
Depuis dix ans, Théo Huguenin-Elie est conseiller communal à La Chaux-de-Fonds, en charge du Dicastère de l’Urbanisme, des Bâtiments, des Relations extérieures et de la Communication. «Les différents services dont j’ai la responsabilité sont proches de ma formation et de mes centres d’intérêts », relève-t-il. Titulaire d’un Master en littérature, histoire et histoire de l’art, il a choisi la voie de l’enseignement, avant de faire de la politique son métier.
Un trait d’union absolument essentiel
C’est en tant que membre du Conseil d’administration qu’il participe aux travaux stratégiques d’objectif:ne, dont il apprécie en particulier l’état d’esprit fédérateur. «Le principal tournant a été réalisé lors de la refonte des statuts en 2018, afin de capitaliser sur nos forces, soit la capacité de donner une vision prospective et de mettre les acteurs des Régions autour de la table en effaçant les clivages pour travailler ensemble.»
Aux yeux de notre administrateur des Montagnes Neuchâteloises, objectif:ne conjugue idéalement deux positionnements complémentaires: d’une part, l’affirmation d’une vision régionale au cœur d’une vision globale partagée et de l’autre, la volonté de défendre ensemble un canton dynamique et attractif. «Ces visions fortes se concrétisent dans les Accords de positionnement stratégiques et dans le projet d’agglomération, qui est le trait d’union absolument essentiel pour un développement qualitatif de nos pôles urbains.»
Deux événements marquants
Théo Huguenin-Elie a le verbe sûr et réfléchi. Il se dévoile un peu, à travers sa réaction forte à deux événements importants qui ont contribué aux fondements de son engagement politique. Le premier a lieu au début des années 1980, lorsque l’entreprise familiale active dans la sous-traitance horlogère doit fermer ses portes, durement touchée par la grande crise. Un sentiment d’abandon marque le région, frappée de plein fouet: «L’inaction de la Confédération a suscité une profonde incompréhension», déplore-t-il. C’est une dizaine d’années plus tard, alors qu’il termine le lycée, qu’il vit une deuxième déception, lorsque la Suisse refuse d’entrer dans l’Espace économique européen en décembre 1992. « Ce vote a symbolisé la victoire des pratiques de l’UDC blochérienne qui heurtaient frontalement mes valeurs européennes et plus généralement ma culture de l’ouverture », raconte-t-il, lui dont la grand-mère paternelle, figure emblématique dans la construction de sa sensibilité, accueillait chaque semaine des réfugiés à domicile.
En 2004, il s’inscrit au Parti socialiste et se présente au Conseil général de La Chaux-de-Fonds pour terminer «en fond de liste». En 2005, alors que la gauche remporte la double majorité lors des élections cantonales, il devient député au Grand Conseil et préside le groupe socialiste dès 2011. En 2018, il renonce à son siège au législatif cantonal, devenu incompatible avec sa fonction à l’exécutif chaux-de-fonnier. Une incompatibilité qu’il juge regrettable, car à ses yeux, elle s’avère moins la source d’un conflit d’intérêt qu’une discutable restriction des droits civiques.
La littérature comme ressource
Côté jardin, Théo Huguenin-Elie est avant tout le père de trois filles auxquelles il réserve «un temps de qualité». Resté proche de ses domaines de prédilection, il apprécie les voyages en famille dans les villes européennes et évoque avec du soleil dans les yeux ses dernières visites, Pergame, Ephèse, Istanbul. Il se ressource volontiers à travers ses lectures et cite entre autres Hjort et Rosenfeld, Marie-Hélène Lafont et surtout Annie Ernaux, «qui dilue l’histoire de sa vie dans une vision de la société.» Un propos qui résonne fortement, en écho à sa propre façon de se raconter.
