Dans le propos de Frédéric Mairy, tout se tient, à la virgule près, sans effet de manche. Attentif, diplomate, il cultive l’équilibre et trouve le juste mot, sans jamais se départir d’une modestie déconcertante qui imprègne sa personnalité. Ancien journaliste tombé dans la marmite de la politique en 2004 et membre de notre Conseil d’administration depuis 2013 en tant que président de l’Association Région Val-de-Travers, il dirige aujourd’hui le dicastère de l’économie, des finances, de la cohésion sociale et de la santé au sein du Conseil communal de Val-de-Travers. Rencontre avec ce Vallonnier d’origine belge, lecteur éclectique et écrivain à ses heures.
Natif du Val-de-Travers, Frédéric Mairy s’exprime avec sincérité et concision. Il y a rarement un mot de trop ou mot de pas assez lorsqu’il prend la parole. Coureur passionné, il compare volontiers le rythme du mot avec celui de la foulée et cite Daniel de Roulet: «courir et écrire, c’est le même élan.»
Membre du Conseil d’administration d’objectif:ne depuis 2013, Frédéric Mairy se réjouit d’avoir pu contribuer aux réflexions de fond de notre association qui s’est entièrement repensée afin de définir un nouveau positionnement lors de la refonte des statuts de 2018, en parallèle de projets-phares comme les Accords de positionnement stratégique et le Plan d’Agglomération RUN. «Aujourd’hui comme hier, nous avons à cœur d’ancrer le rôle des régions en ligne avec les APS et de positionner le rôle d’objectif:ne.» Quant au PA RUN, il relève qu’il comprend une dimension particulière, car il «inscrit le canton dans une carte cohérente à l’échelle de la Confédération».
Un parcours sûr, à petite foulée
On dit parfois que le journalisme mène à tout… à condition d’en sortir. C’est précisément le chemin qu’a suivi Frédéric Mairy, qui a débuté sa carrière comme journaliste à Arcinfo (anciennement L’Express & L’Impartial), où il a réalisé ses premiers pas professionnels, comme stagiaire, puis comme journaliste professionnel. Avant de quitter la Suisse pour vivre une parenthèse de deux ans à Paris.
C’est peu après son retour qu’il s’enflamme pour la politique. « Je me suis inscrit au Parti socialiste dès que j’ai quitté une seconde fois les quotidiens neuchâtelois, en 2004 », se souvient-il. Il rejoint alors pendant 9 ans le Théâtre du Passage, d’abord en tant que responsable communication, où il évolue avant de se voir propulsé au titre de directeur adjoint, fonction créée sur mesure. «Cela a été pour moi une expérience passionnante aux côtés de Robert Bouvier, raconte-t-il, visiblement ému. Au cours de ces quelques années, j’ai beaucoup appris et développé de belles amitiés.»
En parallèle, sans mandat électif, il reprend la communication du Parti socialiste neuchâtelois. «C’est à cette époque que je développe mon goût pour la politique. Je me sens à l’aise dans une logique de complémentarité avec d’autres.» Le reste s’enchaîne. En 2008, il entre au Conseil général de Travers, puis celui de Val-de-Travers après la fusion. Il entre au Conseil communal de Val-de-Travers en 2013, «rôle qui permet de mettre le pied sur le terrain», selon ses propres mots et sa métaphore filée du coureur de fond. Il reprend la présidence de l’Association des communes neuchâteloises (ACN) en 2016.
Courir ou écrire, telle est la question
Côté jardin, Frédéric Mairy est en couple et père de trois grands enfants issus d’une précédente union. Il partage ses loisirs dans des disciplines qui lui permettent de concilier son appétit pour l’exercice physique avec son goût pour la littérature: la course à pied, la marche, mais aussi la lecture, l’écriture et le théâtre. De son propre aveu «lecteur compulsif», il dévore volontiers plusieurs livres en même temps, évoquant entre autres l’œuvre de Simenon, la BD et des essais en sociologie.
Dans son quatrième ouvrage paru en mai dernier, «Cours toujours», il trace un lien subtil entre la course à pied et l’écriture: «Si chaque foulée déposée l’est pour toujours, tout mot est un galet que l’on aimerait reprendre et polir à l’infini.» Frédéric Mairy peaufine ses équilibres, entre le Swiss Canyon Trail et la rédaction des 70 pages de son essai, «écrit gros». Attaché à la terre, il trace son chemin, arpentant tant « les rayons des bibliothèques que les sentiers de forêts neuchâteloises ».